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Émergence de nouvelles envies

01 juillet 2020

 

 

 

 

 

Tous les témoignages se rejoignent. Il est plus difficile de vivre une période de confinement en ville qu'à la campagne. Ainsi, la pandémie de Covid-19 a déplacé beaucoup de citadins vers les zones plus rurales. Un phénomène éphémère ou qui s'inscrira dans la durée ? La question est d'autant plus posée que des éléments contradictoires alimentent la réflexion.

 

L'envie de mise au vert des Français semble ne pas réellement dater du confinement. Mouvement des gilets jaunes, grèves des transports, prix de l'immobilier, canicules. Depuis fin 2018 déjà, de plus en plus de citadins expriment un désir de campagne. Une envie réactivée par la crise. Le marché de l'immobilier le montre.

 

Le véritable changement qu'introduit le confinement, c'est la popularisation du télétravail. Avant, il ne concernait que 3 % des salariés. Au plus fort de la crise sanitaire, il touchait 30 % d'entre eux. L'obligation de vivre dans les métropoles qui concentrent toujours 60 % de l'activité économique est moins prégnante. Vivre à la campagne peut désormais se transformer en projet de vie.

 

Et avec le développement des accès internet, les démarches en ligne et les communications virtuelles deviennent possibles de partout. Mais les citadins seront-ils prêts à bouleverser leur vie sociale ? À supporter le chant du coq, les cloches des églises et les tracteurs sur les routes ? Cette période de confinement ne nous aura-t-elle pas, au contraire, appris que rien ne remplace vraiment le plaisir du partage « physique », le plaisir de travailler et de vivre ensemble ?

 

Notons tout de même que si les villes ont été durement touchées par le coronavirus, les régions périurbaines n'ont pas forcément été épargnées. Une étude de la Banque mondiale suggère même que la densité de population n'influe pratiquement pas sur le taux d'infection. Plus que la typologie du lieu de vie, ce sont les pratiques sociales, la manière de vivre l'espace et le degré de mixité -- promiscuité, rassemblements, mobilité, etc. -- qui semblent impacter le plus la contamination.

 

En ville, c'est certain, l'offre de services tout comme l'offre culturelle sont sans égales. Les bars et les restaurants accueillent les amis jusqu'à tard dans la nuit. Mais ressurgit alors le risque sanitaire d'une contamination par le coronavirus ou un autre, car, maintenant, le risque est présent à nos esprits.

 

Ajoutons à cela, qu'après cet épisode malheureux, les villes pourraient chercher à devenir plus agréables, plus humaines. Plus respirables grâce à des zones piétonnes agrandies et à des pistes cyclables élargies.

 

Demain, des villes économes en énergie, demain plus des deux tiers de la population mondiale vivront en ville. Pour soutenir cet accroissement démographique, nos zones urbaines devront devenir économes en énergie et compter sur des modes de vie, des architectures et des technologies innovantes pour satisfaire les besoins de leurs habitants de manière durable. 

 

Le confinement nous aura peut-être montré que la démesure et la mondialisation ont leurs limites. Et finalement, on s'aperçoit que c'est justement dans les villes de taille moyenne -- de l'ordre de 50 000 habitants -- que les candidats au déménagement cherchent à se reloger. Des villes proches des grandes agglomérations.

 

Mais il faudra sûrement plus qu'une seule et unique période de confinement pour faire réellement évoluer les mentalités.

 

 

(Source : Futura Planète mai 2020)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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