17 mars 2013
La science et la technique sont, dit-on, de moins en moins synonymes de progrès et de bien-être dans l’esprit du public. Un scientifique a revisité des publications scientifiques et nous a livré à ce sujet des résultats étonnants et édifiants.
Pierre Meneton, chercheur à l’Inserm*, a travaillé sur les inconvénients sanitaires de la consommation excessive de sel. Il y a quelques années, il était venu faire une conférence à Brest à l’invitation de votre association locale de l’UFC-Que Choisir.
Deux éléments avaient alors fait grande impression. Le premier concernait l’aspartame : 165 études avaient été publiées entre 1970 et 1998 sur l’effet de sa consommation sur la santé humaine. Sur ce total, 91 études étaient financées par des fonds publics et 74 études par des fonds privés. Leurs résultats : 92 % des études sur fonds publics indiquaient la présence d’un effet indésirable sur la santé, aucune des études sur fonds privés n’indiquait la présence d’un effet indésirable sur la santé.
La deuxième revue d’études concernait l’effet de l’exposition au bisphénol A sur la santé du rat. Sur 115 études recensées en 2004, 90 % de celles réalisées sur fonds publics indiquaient la présence d’un effet indésirable sur la santé, aucune de celles effectuées sur fonds privés n’indiquait la présence d’un effet indésirable.
Voilà comment on discrédite la science et la technique au profit d’intérêts économiques particuliers et au détriment de l’intérêt général. Depuis l’intervention de Pierre Meneton à Brest les choses n’ont pas évolué dans le bon sens, au contraire. D’ailleurs ce scientifique a subi d’énormes pressions de la part du lobby du sel, ce qui ne l’a pas empêché de gagner le procès qui lui avait été intenté et de publier un livre avec E. Haymann : « Le sel : un tueur caché » (2009) chez Favre. Voilà un lanceur d’alerte courageux qui mérite notre grande estime.
* Institut national de la santé et de la recherche médicale.
