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Les termites ont bouffé l’Union européenne !

18 octobre 2011

 

 

 

 

 

Il ne reste plus que l’apparence de cette grande idée d’une Europe unie. Ces bestioles ont boulotté tout l’intérieur, en épargnant la façade. C’est qu’ils ont un appétit insatiable. On veut parler des lobbies. Plus d’un millier de fédérations patronales, regroupées par domaines économiques, pèsent de tout leur poids sur la Commission européenne. Celle-ci formule des propositions législatives qui, après adoption par le Parlement européen - lui-même soumis à l’influence de ces lobbies - s’imposent aux droits nationaux.

 

20 000 lobbyistes pour 30 000 fonctionnaires européens (traducteurs compris) ! S’ils n’y prennent pas garde, cela peut devenir trop voyant et faire tache. Il faut donc respecter les formes, la façade, se faire discrets. Quant à la Commission, elle doit faire semblant de recueillir l’avis de tout un chacun composant la société civile, en fait celui largement prépondérant des intérêts particuliers et corporatistes. On chercherait en vain l’intérêt commun des citoyens-consommateurs. Il est censé être porté par les membres du Parlement, mais celui-ci est transformé en chambre d’écho des intérêts du même patronat européen.

 

Comment pratique-t-il ? Outre la compétence technique qu’on lui reconnaît aisément, il a l’habileté de fabriquer des consensus entre ses composantes des 27 pays membres, très en amont. Et il peut alors produire, in fine, des textes législatifs bien concoctés, directement utilisables par la Commission. Celle-ci a donc l’assurance que les projets qu’elle présentera ne donneront pas lieu à des conflits ouverts qui feraient désordre. En cas de changements du texte au niveau de la Commission, des amendements, opportunément fournis aux parlementaires, pourront corriger les altérations et les oublis, en aval. Ce fonctionnement « clé en mains » donne aux « termites » une force d’influence sans égale. Point n’est besoin de corrompre, ou si peu. Leur colossale force de frappe économique suffit, car elle achète la collaboration des meilleurs juristes, cabinets d’influence, etc. Un peu comme les multinationales orientent les consommateurs via leurs communicants et leurs publicitaires. La fiction des peuples européens souverains dans l’Union est donc quasi-totale.

 

Que faire face à cette tartufferie ? Bâtir une force de lobbying équivalente pour contrebalancer les intérêts privés ? En fait l’intérêt général ne doit pas se situer au même niveau que les autres, car il est par principe supérieur (sauf à sombrer dans un économisme forcené). L’Union européenne est donc devenue une construction entièrement taraudée de l’intérieur, telle une maison en bois rongée par les termites. Elle doit être détruite, puis être reconstruite sur des bases démocratiques qui ne soient pas en carton-pâte. Cela ne pourra probablement se faire qu’à partir de fondements nationaux, eux-mêmes profondément rénovés. Vaste chantier, direz-vous, mais exaltant. Le mouvement des Indignés, alias les 99 %, en est peut-être le signe avant-coureur.

 

 

 

 

 

 

 

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