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Questions autour d'une campagne d'affichage - Côtes-d'Armor

17 mars 2011

 

 

Par Thierry THOMAS du Comité régional de la Confédération Paysanne de Bretagne
Ouest-France Finistère du jeudi 10 mars 2011

 

 

Si la campagne d'affichage de France Nature Environnement est provocante, nous ne l'analysons pas comme une campagne dirigée contre les paysans, même si nous comprenons ceux qui se sentent accusés, mais contre un modèle agricole qui a eu sa raison d'être et qui est devenu inadapté. Plusieurs instances ont réfléchi, depuis 2010, à l'avenir de ce modèle. La Chambre d'agriculture régionale en tête, Claude Saunier en cours d'année, avec plusieurs rencontres à l'agropôle de Ploufragan, le préfet de région avec le projet agricole et agro alimentaire régional, le Conseil Régional ces temps-ci.


La nécessité de faire évoluer le système est donc largement partagée. Certains voudraient faire croire que les paysans ont intérêt à le défendre, alors même qu'ils en sont les premières victimes. Gérard Maisse président de l'INRA de Rennes a confirmé que ce modèle détruit de l'emploi paysan (- 17 000 emplois paysans entre 2002 et 2007) et salarié (- 5 000 emplois lors des 5 dernières années), et ne crée pas suffisamment de valeur ajoutée. De plus, il rémunère mal les paysans : le revenu agricole des paysans bretons est l'avant-dernier des régions françaises avec moins de 11 000 €/actif/an, alors que nous sommes la première région agricole.


La Confédération Paysanne travaille de longue date en relation avec des associations de protection de l'environnement et de consommateurs, et n'est pas surprise de l'arrivée de cette attaque contre le modèle agricole breton. L'insuffisance des mesures consenties par les représentants de la FNSEA pour réorienter le modèle, et l'amendement Le Fur reçu comme une provocation, en ont été les principales causes.


Des signes auraient dû alerter le milieu agricole, mais aussi le milieu politique, lorsque nous avons annoncé notre retrait du comité de suivi du plan algues vertes pour cause de mauvaises solutions apportées au problème, en particulier sur la baie de Saint-Brieuc avec le développement des stations de méthanisation.


Eradiquer le fléau des marées vertes est une nécessité impérieuse pour réconcilier agriculture et environnement. Notre priorité est d'oeuvrer pour un modèle d'agriculture qui privilégie les hommes et les femmes sur les volumes de production.


Concernant l'argument de l'atteinte à l'image de la région, la question est la suivante : est-ce la campagne de FNE qui porte atteinte à l'image de la Bretagne ou la présence des algues vertes sur les plages ? Il est capital pour notre région et pour la seconde activité économique bretonne de ne pas se tromper de cause pour ne pas se tromper de remède. Il serait intéressant d'interroger les maires d'Hillion, de Binic ou de Saint-Michel-en-Grève, à ce sujet.


Enfin, il est légitime de s'interroger sur les arrière-pensées motivant l'énorme écho donné à cette campagne publicitaire. Volonté d'en découdre avec les associations de protection de l'environnement, ou tentative facile d'instrumentaliser un ennemi commun pour resserrer des liens professionnels distendus lors de la crise laitière, ou encore l'envolée du prix des céréales ? La question est posée.

 

 

 

 

 

 

 

 

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