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L’agriculture industrielle obtient un « assouplissement » sur les pesticides

22 juillet 2016

 

 

 

 

 

Un arrêté encadrant l’utilisation générale des pesticides, datant de 2006, doit être abrogé dans 6 mois au plus, suivant un arrêt du Conseil d’État du 6 juillet dernier. Cette décision a été prise à la demande de l’Association nationale pomme poire (ANPP) qui regroupe des arboriculteurs fruitiers.

L’« ancien » arrêté prévoyait entre autres protections :

  • d’interdire la pulvérisation ou le poudrage si le vent est supérieur à 3 Beaufort, soit 19 km/h, de façon à éviter la dispersion des pesticides hors de la zone à traiter, où peuvent se trouver des personnes, des habitations, des cours d’eau, etc. Ce à quoi les arboriculteurs de l’ANPP répondent que respecter cette interdiction est « très compliqué dans certaines zones comme en vallée du Rhône à certaines périodes ». C’est sans doute vrai, mais cette situation très particulière est-elle une raison suffisante pour supprimer cette interdiction de portée générale ? À l’évidence non ;
  • de rentrer avant 48 h dans les parcelles traitées avec des pesticides pouvant entraîner une sensibilisation par inhalation ou contact avec la peau. La santé du personnel et celle des consommateurs est évidemment visée. Ce à quoi l’ANPP répond que cette disposition « limite le travail de la main-d’œuvre, avec 48 heures après les anti-tavelures, empêchant de protéger à nouveau [c'est-à-dire traiter encore] en cas de lessivage. » Permettre l’accès dans ces parcelles AVANT 48 h aux seuls propriétaires et à leur famille, cela conviendrait-il à l’ANPP ? On plaisante ;
  • de réserver des distances de traitement aux points d’eau (i.e. largeurs des zones non traitées = ZNT) allant jusqu’à 50 m, voire 100 m. Ces distances peuvent en fait être ramenées à beaucoup moins (de 50 à 5 m par exemple) si la bande ZNT est plantée d’arbres, selon l’ancien arrêté. Pour l’ANPP, comme cela concerne aussi les petits ruisseaux, c’est près du tiers des exploitations qui est concerné. Cela lui semble trop. Et l’association de conclure : « Au final, cet arrêté nous semblait totalement incompatible avec le métier d’arboriculteur. Le ministère devait choisir entre la production de fruits français ou cet arrêté ! »

 

Un nouvel arrêté doit être pris avant 6 mois. Mais on voit bien la stratégie consistant à faire intervenir telle ou telle profession particulière pour transformer en haillons un arrêté, pris pour protéger la santé des humains et de l’environnement mais qui gêne, et le rendre inapplicable.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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