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Des aliments beaux mais appauvris

12 novembre 2016

 

 

 

 

 

On croit à peu près tout connaître des défauts de la nutrition (excès, déficit, malbouffe, etc.). Il en est un que le grand public ignore : l’appauvrissement de nos aliments courants en vitamines, minéraux, acides aminés et acides gras. Or, des études anglaises, officielles, ont été menées en 1940, 1946, 1960, 1978, 1991, 2002, dosant le contenu de 27 légumes courants (crus et cuits), 17 fruits, ainsi que des fromages et des viandes. Le suivi a été fait sur les mêmes espèces et les mêmes variétés. Entre 1940 et 1991 les mêmes légumes ont ainsi perdu 24 % de leur magnésium, 46 % de leur calcium, 27 % de leur fer et 76 % de leur cuivre. Les pertes sont un peu moins importantes pour les fruits. Mais pour le lait entier, la perte en fer est énorme (78 % !). Le même appauvrissement se retrouve partout dans le monde où l’on a fait ce genre d’études, sauf en France…où elles n’ont pas été effectuées.

 

Les scientifiques parlent d’un effet de « dilution », inhérent aux cultures à haut rendement et à croissance rapide. Ce sont justement des cibles essentielles de la sélection. En outre, les monocultures ainsi que l’usage massif d’engrais et de pesticides depuis des décennies entravent également le puisage des éléments dans les sols. C’est l’une des conséquences pernicieuses à mettre dans la balance avantages/inconvénients de l’agriculture intensive. Car il faut savoir que les éléments et les corps chimiques dont le déficit a été constaté ont un retentissement sur la santé humaine (idem d’ailleurs si leur supplémentation a posteriori par l’industrie agroalimentaire aboutit à un excès). Le manque de magnésium est lié à la dépression, celui de zinc et de cuivre à l’hyperactivité et au déficit d’attention, celui de fer à l’immunodéficience, etc.

 

Une correction de ces carences par la sélection de variétés nouvelles - ou le retour à des variétés anciennes - est-elle possible ? Oui, sûrement. Mais l’orientation actuelle de la sélection va plutôt dans le sens d’une meilleure résistance au changement climatique. C’est, paraît-il, plus rentable qu’une amélioration de la santé humaine. Mais pour qui ?

 

D’après « Pauvres aliments », in 4 saisons du jardinage, n°221 (oct.- nov. 2016)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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